Des faiblesses persistantes en matière de gestion des finances publiques ont été notées au Gabon. L’agence de notation financière Fitch Ratings a révisé les perspectives de la notation de défaut des émetteurs en devises étrangères (IDR) à long terme du Gabon, passant de stable à positive et a confirmé l’IDR à «B -».
L’agence de notation financière Fitch Ratings a annoncé, le 5 août 2023, avoir révisé ses perspectives pour la note du Gabon, de stable à positive, et a confirmé l’IDR à «B –» en raison de défaut des émetteurs en devises étrangères (IDR) à long terme du pays. Selon l’agence, cette révision des perspectives reflète les faiblesses persistantes du Gabon en matière de gestion des finances publiques et l’arrêt des réformes structurelles, y compris dans le programme du FMI, soulevant des doutes sur la capacité du pays à réduire les risques liés à la GFP (Gestion résiliente des finances publiques).
Selon Fitch Ratings le classement « B- » équilibre le PIB par habitant élevé du Gabon et l’attente des autorités selon laquelle la dette publique/PIB restera sur une tendance à la baisse, soutenue par les prix élevés du pétrole et une meilleure mobilisation des revenus non pétroliers, contre une dépendance aux revenus pétroliers et un faible enregistrement PFM.
«Le Gabon continue de faire face à des défis en matière de GFP, comme en témoigne l’accumulation continue d’arriérés extérieurs en 2022 (39 milliards FCFA ; 0,3 % du PIB) et 2023 (81,4 milliards FCFA, 0,6 % du PIB à fin mars 2023) et l’impossibilité d’obtenir des financements multilatéraux. Les faiblesses de la GFP continueront de peser sur les notations et pourraient poser des risques permanents pour le financement budgétaire en raison des problèmes persistants de coordination entre la gestion du Trésor et le bureau de la dette», souligne le rapport. Toutefois, Fitch Ratings admet que le Gabon a l’habitude de rembourser à temps ses intérêts et son capital sur les euro-obligations, malgré l’accumulation d’arriérés envers d’autres créanciers extérieurs.
Face aux risques de financement du pays, l’agence de notation prévoit des besoins de financement budgétaire, qui s’élèveront en moyenne à 7,2 % du PIB en 2024-25. Une situation qui pourrait trouver des solutions auprès du FMI, le soutien public au crédit et le financement intérieur. «Le gouvernement devra peut-être réduire les dépenses si les sources de financement externes ne se matérialisent pas ou si les revenus sont moins performants», conseille Fitch Ratings.
Dans le même ordre d’idées, l’agence américaine évoque des risques de dérapage budgétaire importants en raison des élections, qui accroît l’incertitude quant à la trajectoire budgétaire. Cela pourrait entraîner une augmentation des dépenses publiques et des retards dans la réduction des exonérations fiscales et des subventions. Les subventions aux carburants, estimées à 150 milliards FCFA en 2022, sont projetées à 45 milliards FCFA dans le LFI23. «Cependant, nous supposons des subventions plus importantes pour le carburant, car les efforts pour les réduire sont peu probables dans ce contexte électoral».
S’agissant des perspectives de croissance résilientes, Fitch prévoit que la croissance du PIB réel du Gabon ralentira de 3,0 % en 2022 à 2,6 % en 2023, car la performance du secteur non pétrolier a été affectée par le déraillement du train au premier trimestre 2023 et le quota de production de l’OPEP+ sera partiellement respecté. «Nous prévoyons que la production de pétrole augmentera en 2023 et 2024 en raison de la mise en service de nouveaux puits, des prix élevés du pétrole et de nouveaux investissements. Cependant, la production commencera à baisser d’ici 2025, car la production de pétrole diminue structurellement en raison du vieillissement des gisements. Nous prévoyons une croissance moyenne de 2,8 % en 2024-2025, soutenue par des industries axées sur l’exportation et des projets d’infrastructure», conclu le rapport.