Si, annonçant la concertation ouverte ce 13 février, Ali Bongo semblait dès le départ l’avoir circonscrite aux acteurs politiques de la majorité et de l’opposition, plusieurs plateformes de la société civile souhaitaient également y prendre part. Figurant parmi les exclus, le Coted estime donc que la concertation d’Ali Bongo ne pourra déboucher que sur un échec. L’organisation de la société civile (OSC) annonce sa propre concertation pour le 15 février.
À travers une déclaration, le 12 février, le Consortium de la société civile pour la transparence électorale et la démocratie au Gabon (Coted), qui s’est exprimé sur la concertation politique annoncée par le président, a estimé que les assises ouvertes ce 13 février, «auraient dues revêtir un caractère inclusif avec l’implication de toutes les forces qui participent au processus démocratique, notamment les organisations de la société civile».
Si lors de l’annonce de cette concertation, Ali Bongo disait exactement avoir «entendu l’appel de [ses] compatriotes, notamment des acteurs politiques de la majorité et de l’opposition», le Coted, se basant sur «l’appel [des] compatriotes», entendu par le chef de l’Etat, ne s’explique pas la mise au ban des Organisations de la société civile (OSC). L’ONG estime par conséquent que le format et la logique assignés à cette concertation «fait transparaitre clairement le caractère clientéliste et la volonté du régime à fermer la porte à tout processus inclusif impliquant l’ensemble des forces démocratiques dont la société civile». Le Coted ne manque pas d’indiquer que plus de 75% des partis politiques participant à la rencontre sont «des partis politiques essentiellement versés dans le clientélisme et la corruption politique». Frustré, il estime que la concertation «ne pourra sans la présence des organisations démocratiques de la société civile et sa composante religieuse, déboucher sur que un échec». La rencontre est carrément traitée de «mascarade de concertation exclusive».
Les partis de l’opposition «au secours d’un régime honni»
Pour en avoir été écarté, le Coted accuse les partis politiques de l’opposition qui y participent d’aller «au secours d’un régime honnis qui a peur d’une cuisante défaite électorale aux élections de 2023». Revendiquant plus de 12 mois d’organisation, il dit lutter dans le pays, pour des élections transparentes, inclusives, démocratiques et apaisées en 2023. A la clé, une feuille de route bien élaborée. Dans sa démarche, il soupçonne une «tentative du régime en place à imposer son dictat excluant de facto de la concertation annoncée, les parties prenantes les plus importantes du jeu démocratique» et conclut que la «concertation ne sera qu’un dialogue bi-partisan entre les partis politiques de l’opposition et de la majorité pour maintenir le statu quo». Surfant sur la déclaration de la conférence épiscopale il dit s’engager à mener des actions tous azimuts de mobilisation et de sensibilisation pour un processus électoral inclusif.
Appelant le pouvoir à aller vers une «concertation crédible, inclusive», le Coted annonce la mise en place comme au Kenya, en RDC, au Sénégal, au Bénin et au Ghana, de son propre dispositif de suiv,i de centralisation et de compilation des résultats des élections, bureau de vote par bureau de vote. S’il se dit ouvert aux partis politiques de tous bords, dans la foulée de sa frustration, il annonce pour ce 15 février «la concertation nationale des forces vives de la société civile». Ce, sur le thème ‘Réformes, transparence et intégrité des processus électoraux au Gabon : participation et rôle de la société civile ».