Coûts élevés des forfaits internet au Gabon : L’opération «mode avion» vouée à l’échec ?

 

Au Gabon, dans la foulée du « boycott citoyen » lancé pour dénoncer la cherté du data mobile en Côte d’Ivoire, plusieurs abonnés des deux compagnies téléphoniques du pays, ont adhéré à une campagne de boycott des services offerts par Moov Africa Gabon Télécom et Airtel Gabon pour les mêmes raisons. Ce, en mettant leur téléphone en mode avion les dimanches de 12 à 14h. Alors que ces consommateurs boudent les coûts qu’ils jugent trop élevés, le régulateur des communications électroniques assure que les tarifs de service internet sont en baisse continue depuis 2017 dans le pays. Mieux, l’Arcep dit constater qu’en même temps que les opérateurs améliorent leur réseau, il y a une baisse de tarifs. À bas donc les bouderies ?

Au Gabon une opération mode avion pour protester contre la cherté des forfaits internet. © Gabonreview

 

Mode avion les dimanches de 12h à 14h pour certains, le jeudi et le dimanche de 12 à 14h pour d’autres. Au Gabon, plusieurs abonnés de Moov Africa Gabon Télécom et Airtel Gabon ont adhéré à une campagne de boycott des services offerts par ces deux maisons de téléphonie mobile, les seules dans le pays. Ils ont suivi un mouvement qui a touché aussi bien la Côte d’Ivoire que le Cameroun pour dénoncer la cherté des prix des forfaits internet. Depuis près de 3 semaines, le mouvement se poursuit tant bien que mal, mais rien ne semble bouger ou presque. Les clients sont juste invités à souscrire à des offres qui existaient déjà et qui vraisemblablement alléchantes, sont selon plusieurs clients «de la poudre eux yeux».

Quand bien même dans cette vague de boycott, Moov Africa Gabon Télécom qui proposait 7 Go à 10 000 francs CFA en propose désormais 20 au même prix valable 30 jours, mais disponible via Moov Money. Un signe de résignation face à la pression ? D’aucuns s’interrogent, mais invité sur le plateau de Matin week-end le 6 mai, le secrétaire exécutif de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) a assuré parlant de la période 2017-2022, que «les tarifs de service internet sont en baisse continue depuis 2017». «Des giga-octets (Go) qui coûtaient 14 000 francs CFA en 2017 sont aujourd’hui de l’ordre de 1 500 francs CFA», a affirmé Edgard Sabefoumou. Selon lui, parler de tarif de forfait, oblige à intégrer tout ce qui est bonus, offre promotionnelle, taille du marché.

Comparaison n’est pas raison

«Il y a l’étude Worldwide mobile data pricing 2022 qui dit que le Gabon est le 3e pays le moins cher en zone Cemac», a-t-il commenté soulignant que le Gabon étant un «État concurrentiel», les deux opérateurs concurrentiels sont donc libres de fixer leurs tarifs. «L’Arcep ne fixe pas les tarifs de détail. Par contre l’Arcep dans son rôle de régulateur agit sur les éléments de coûts. Principalement, les services entre opérateurs dont le partage d’infrastructures et l’interconnexion», a-t-il expliqué. S’il reconnaît que ces tarifs de gros ont un impact sur ceux de détail, il informe qu’il y a un observateur du marché pour le suivi des actions des opérateurs. C’est dans ce cadre que le régulateur des communications électroniques a observé la baisse continue entre 2017 et 2022.

«On ne peut comparer que ce qui est comparable», a renchéri Anex Rodrigue Ngouoni le directeur de la répression des fraudes DGCCRF. Selon lui, les maisons de téléphonie mobile en tant que prestataire de service, ont l’obligation de déposer leurs tarifs pour homologation auprès de cette administration qui analyse les éléments structurels et conjoncturels permettant de pouvoir valider l’homologation ou pas. Autant, la DGCCRF a un regard sur les offres de réductions. Elle vérifie pour ainsi dire, leur effectivité ou non. L’opinion se demande donc si les offres de réduction proposées par ces maisons de téléphonie sont réellement effectives.

Edgard Sabefoumou (avant plan) et une comparaison des tarifs dans certains pays. © Capture d’écran/Gabonreview

«En l’espèce, on note quand même qu’il y a une baisse

«Il y a une procédure conformément au cahier des charges des opérateurs qui doivent nous informer au préalable avant de rendre publiques leurs offres. Mais en l’espèce, on note quand même qu’il y a une baisse puisqu’on le voit circuler dans les réseaux sociaux», indique Edgard Sabefoumou. Pour lui, les opérateurs de téléphonie mobile jouent bien le jeu de la concurrence dans le pays et face à certaines offres alléchantes proposant des Go, il soutient «je ne peux pas lié cette action à l’effet des consommateurs, je pense plutôt que c’était dans leur plan d’action». Avec 96% de la population couverte en réseau mobile le secrétaire exécutif de l’Arcep dit constaté qu’en même temps que les opérateurs améliorent leur réseau, il y a une baisse de tarifs.

«Il y a vraiment des efforts qui sont faits au Gabon pour satisfaire le consommateur», a-t-il appuyé. Il estime en outre que les consommateurs qui ont adhéré à la campagne de boycott «n’ont pas suffisamment d’éléments pour comprendre la différence des tarifs entre pays». Notant que l’État fait des efforts pour améliorer le secteur de la téléphonie mobile, a annoncé que «les opérateurs vont dans les mois, les années à venir continuer de faire cette baisse». «Nous avons un encadrement des tarifs de gros qui court jusqu’au 31 décembre 2023. Nous sommes en étude pour le revisiter pour aborder la période suivante», a-t-il informé dans le contexte où, la campagne se poursuit par les consommateurs décidés à faire plier Moov Africa Gabon Télécom et Airtel Gabon. Y arriveront-ils ?

Laisser un commentaire