CEEAC: après Cham El Cheikh il y a l’espoir de trouver des financements pour les projets intégrateurs en Afrique centrale (Marie Chantal Mfoula)

Marie Chantal Mfoula, Commissaire chargée de l’aménagement du territoire et infrastructures de la Commission Economique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) a quitté Charm El Cheikh (Egypte) où elle a participé à la 58ème assemblée annuelle du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) du 22 au 26 mai 2023 avec un message d’espoir pour les peuples d’Afrique centrale. « Après Cham El Cheikh on peut dire aux peuples d’Afrique centrale qu’il y a l’espoir de trouver des financements pour les nombreux projets intégrateurs en Afrique centrale », a notamment déclaré la « ministre communautaire » dans un entretien exclusif à la rédaction de Gabonactu.com. Lecture !

Quels projets avez-vous apporté dans vos cartons et que vous avez soumis aux différents partenaires présents à la 58ème assemblée annuelle de la BAD ?

Il y a des clichés contre la CEEAC accusée de ne pas faire des efforts pour l’intégration physique de la région qui totalise 11 pays membres. Nous sommes venus le prouver. Il y a plusieurs projets dont les études sont achevées. D’autres sont en cours de réalisation. C’est le cas de la route Ouesso (Congo) – Sangmélima (Cameroun). La route est complètement bitumée. On peut partir de Yaoundé à Brazzaville sur une route intégralement bitumée. Un poste unique de contrôle a été construit au niveau de Ntam. Ce poste a été construit par la CEEAC avec l’appui de la BAD. Il sera bientôt opérationnel dès que les scanners seront installés.

On peut citer également le projet « Pont route-rails » entre la République du Congo et la République démocratique du Congo (RDC). Avec l’appui de la BAD, la CEEAC a commis des études qui sont achevées. C’est Africa 50 qui assure la structuration. Les investisseurs sont en train d’être désignés, retenus par un appel d’offre international.

L’autre projet porte sur la navigation sur le fleuve Congo entre Ouesso-Bangui et Ndjamena (villes respectives du Congo, de la Centrafrique et du Tchad, ndlr). Le 20 mai dernier, le président Denis Sassou Nguesso a posé la première pierre du pont à Ouesso sur le fleuve Congo du côté du Congo et nous attendons la même chose du côté de la RCA. La phase une du projet concerne le tronçon Ouesso – Bangui. La RCA a bénéficié d’un financement de la BAD dans le cadre du fonds FAD (fond africain de développement, ndlr). Le Congo a bénéficié d’un financement de la BDEAC (Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale, ndlr).

Nous avons d’autres projets. Par exemple, le pont sur le Ntem entre Campo (Cameroun) et Rio Campo en Guinée Equatoriale. Il assurera la facilitation du transport entre Libreville-Bata et Yaoundé. Ce sont tous ces projets qui seront soumis au conseil d’administration de la BAD après des études d’impact environnemental plus approfondies.

Nous avons un projet dont les choses n’avancent pas beaucoup. C’est la route entre Ndéndé (Gabon) et Dolisie (Congo). Du côté du Congo il y a des constructions. Nous espérons que les efforts réalisés par le Gabon avec le concours de la BAD vont permettre de réaliser cette route qui sert à fluidifier les échanges entre les deux pays.

Il n’y a pas de projets pour relier Kigali au Rwanda jusqu’au Burundi en passant par la RDC un autre pays membre de la CEEAC ?

Si, nous avons le projet CD 14 ou corridor de développement 14. C’est un projet de construction d’un pont entre Bangui en RCA et Zongo en RDC. Et puis la construction, réhabilitation des chainons manquant entre Zongo et Kisangani – Bujumbura (Burundi) et Kampala (Ouganda).

En novembre 2022 on a procédé à l’inauguration d’un pont sur le Cross River. C’est un projet d’intégration entre la CEEAC et la CEDEAO partant du Cameroun au Nigeria avec un poste de contrôle unique construit du côté du Nigeria. Ceci montre que nous sommes sur la bonne voie malgré les clichés négatifs attribués à l’Afrique centrale.

Le président de la BAD, Akinwumi Adesina a trouvé cette formule très touchante : il y a trop de mégawatts de discours en Afrique mais peu de réalisations. Est-ce que pour le cas de la CEEAC vous manquez de leadership ?

La CEEAC ne manque pas de leadership. La CEEAC ne fait que ce que les Etats lui demandent de faire. Nous mettons en œuvre. Nous attendons parfois que des contingences politiques puissent être levées. Il y a aussi un problème de mobilisation des ressources financières. Il arrive aussi que certaines ONG s’opposent à la réalisation d’un projet pour des questions environnementales et sociales. N’oubliez pas qu’en Afrique centrale nous avons beaucoup de problèmes d’insécurité qui bloquent la réalisation de beaucoup de projets. C’est le cas de Ouesso-Bangui et Ndjamena et la navigation sur le fleuve Congo et ses affluents Oubangui et Sanga. Les études ont pris beaucoup de temps à cause de l’insécurité dans l’un des Etats membres. Mais gloire à Dieu tout est en bonne voie.

Quelle bonne nouvelle avez-vous obtenu de Charm El Cheikh au profit des peuples d’Afrique centrale ?

Après Cham El Cheikh on peut dire aux peuples d’Afrique centrale qu’il y a l’espoir de trouver des financements pour les nombreux projets intégrateurs dans notre région. Espoir parce qu’on va lier le financement des infrastructures aux questions environnementales et au changement climatique pour lever plus de fonds. Nous sommes ravis et nous allons continuer avec le partenaire qui est la BAD pour l’intérêt des populations d’Afrique centrale, pour l’interconnexion des corridors de développement. L’objectif est d’en faire profiter aux populations riveraines qui pourront bénéficier des effets de la croissance économique. Et le développement suivra.

Propos recueillis à Charm El Cheikh par Yves Laurent Goma, envoyé spécial

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