L’affaire Webcor-Gabon serait-elle un scandale d’État révélant les dérives de hauts commis de l’Etat gabonais prêts à tout ? Après avoir eu gain de cause en arbitrage contre le Gabon, puis perdu suite au changement de la ligne de défense du pays, le Groupe Webco va incessamment remonter au créneau. Selon ce qu’il se trame, le régime gabonais avait usé de combines judiciaires et de manœuvres frauduleuses pour faire annuler la sentence l’ayant d’abord fait gagner en mai 2018.
Webcor aurait obtenu des aveux édifiants des certaines autorités gabonaises, relatif au procès qu’il a perdu contre le pays en mai 2021, le condamnant à payer au Gabon 50 000 euros, soit plus de 32,7 millions de francs CFA dans l’affaire liée au projet de construction avorté du Grand marché de la capitale lancé par l’ancien maire, Jean-François Ntoutoume Emane. Ce qui pourrait relancer une affaire que l’on croyait close trois ans en arrière.
Selon le journal Echos du Nord Confidentiel, il se trouve en effet que «le Groupe Webcor vient d’être solennellement informé qu’il n’y avait jamais eu de procédure pénale initiée contre le Maire de Libreville, accusé de corruption. Les manœuvres initiées par le Gabon pour faire croire l’inverse n’avaient qu’un seul objectif : tromper la Cour d’appel de Paris pour l’amener à annuler la sentence arbitrale.» De même, annonçant sa prochaine livraison, le journal L’Aube indique : «le Groupe Webcor a sollicité la révision de (l’) arrêt de la Cour d’appel de Paris et déposé une plainte pour escroquerie au jugement auprès du Procureur. Libreville tremble. Pourquoi ?» Le pot aux roses sera bientôt dévoilé, une procédure en révision étant engagée, soutiennent les deux titres gabonais.
Flash-back
Pour rappel, lorsqu’en 2009, le Groupe Webcor est approché par les plus hautes autorités gabonaises pour construire un nouveau marché à Libreville, il s’engage à en financer intégralement les travaux. Las, son refus de céder aux exigences de bakchich de Maixent Accrombessi, alors puissant pilier du régime, sonnera le glas de ce projet pourtant prometteur. Commence alors pour Webcor un implacable harcèlement, fruit de la vengeance d’un État prêt à toutes les combines pour parvenir à ses fins.
S’estimant lésé, Webcor entreprend alors une procédure d’arbitrage international dont il sort victorieux. Le 21 juin 2018, le verdict de la Chambre de Commerce Internationale (CCI) tombe, accablant pour le Gabon. L’instance rejette intégralement les arguments présentés par la République Gabonaise pour sa défense. De plus, elle pointe du doigt le non-paiement par le Gabon des 300 000 dollars dus au titre des frais d’arbitrage, soit environ 173 millions de francs CFA. Et cerise sur le gâteau, la CCI condamne finalement de manière retentissante le pays à verser l’énorme somme de 65 milliards de francs CFA à Webcor ! Un coup de massue financier pour le Gabon, sévèrement sanctionné alors par la justice arbitrale internationale.
Changement de la ligne de défense du Gabon
Mais c’est mal connaître l’opiniâtreté des cercles du pouvoir gabonais, qui décide de s’acharner pour l’annulation de la sentence. Brandissant à dessein le spectre infamant de la corruption, le régime multiplie les manœuvres dilatoires : plaintes fantômes, demandes d’entraide judiciaire mensongères, interrogatoires musclés, refus de communiquer des pièces…
Faisant en effet appel de la décision de la CCI auprès de la Cour d’Appel de Paris, le Gabon change alors radicalement de ligne de défense. Il accuse désormais Webcor d’avoir délibérément créé cette situation ab initio via des intentions malhonnêtes et la corruption d’acteurs locaux. Le but : obtenir des contrats léonins et se retrouver en position de force devant la justice, sans capacité réelle de les honorer financièrement. Tout est bon pour nourrir l’illusion de poursuites pénales à l’encontre de Webcor, et orienter la Cour d’appel de Paris qui finit par invalider l’arbitrage en 2021. Le Gabon gagne alors, la Cour d’appel de Paris ayant finalement condamné les sociétés Webcor ITP et Grand Marché de Libreville (GML) à lui verser 50 000 euros, soit plus de 32,7 millions de francs CFA. Mais, au regard de ce qu’annoncent nos confrères sus cités, cela n’était qu’une victoire en trompe-l’œil pour le pouvoir gabonais !
Il est à souhaiter que la voie du Droit finisse par l’emporter dans cette affaire nauséabonde, où un État n’aurait pas hésité à user de combines indignes pour assouvir son désir de revanche. Et si le combat judiciaire de Webcor était juste ? il serait alors à soutenir pour que cessent les abus contre les investisseurs étrangers que le pays a toujours cherché à attirer.